Pour en finir avec le syndrome du 21 avril
En France, il n'est guère étonnant que le Front National maintienne sa popularité car les pratiques politiques actuelles continue à crédibiliser ses thèses:
-
Un trop grand nombre d'élus continuent à entretenir des relations paternalistes avec leurs électeurs tandis qu'au sein des entreprises, chaque acteur est de plus en plus responsabilisé
-
La concertation: tout le monde en parle sans la pratiquer vraiment.
-
Le nationalisme économique prompt à réagir quand une entreprise étrangère délocalise son activité et silencieux lorsqu'un fleuron du CAC 40 en fait de même à l'étranger
-
Bon nombre des mesures sécuritaires de son programme sont mises en oeuvre par l'actuel gouvernement
-
La fracture sociale est loin de s'être réduite...
A Colombes, en particulier, les mêmes travers sont observés et risquent de produire les mêmes effets: Madame le Maire délègue fort peu, ne concerte que de façon contrainte, reste fermée à la coopération intercommunale, priorise les options les plus sécuritaires et l'amélioration de la qualité de vie dans les quartiers les plus favorisés.
Mais une raison plus profonde me semble justifier le maintien de l'attrait du Front National pour une bonne partie de nos concitoyens. Tout au long de leur histoire, les français ont eu recours à des hommes providentiels. Sous l'ancien régime un simple contact avec le roi devait suffire à guérir de tous ses maux. Après le bonapartisme, les deux incarnations les plus récentes de ce mythe de l'homme providentiel, furent Pétain et De Gaulle. L'un a rassemblé dans l'expiation de la défaite, l'autre a fédéré par la célébration d'une France ressuscitée et conquérante.
Ce mythe entretient l'attentisme démesurée des citoyens envers leurs représentants. Les politiques eux-mêmes continuent à entretenir ce mythe de toute puissance alors que leur marge de manoeuvre est de plus en plus contrainte. Les échanges et les interactions ne connaissent quasiment plus de frontières, les normes juridiques se décident de plus en plus à l'échelon international... Pour l'avoir négligé en 1981 avec sa relance économique isolée, le gouvernement Mauroy, a bien vite été obligé de faire machine arrière.
A rebours de ce mythe nostalgique, les politiques doivent veiller à au moins à préserver - si ce n'est à la développer - l'attractivité de leurs circonscriptions, pour continuer à disposer des moyens nécessaires pour répondre aux attentes de leurs concitoyens. Dans ce contexte, il est urgent de rompre avec des relations paternalistes où l'attentisme réciproque des citoyens et de leurs représentants est condamné à l'échec. Chacun doit se reconnaître dans des dynamiques fédératrices qui mobiliseraient jusqu'au citoyens les plus modestes. Une des voies pourrait être de proposer un nouveau contrat social qui garantirait à vie à chacun des garanties à vie répondant à ses besoins fondamentaux (un toit, une formation performante, un accès aux soins...) en échange d'une implication continue dans la vie sociale à travers un emploi, une activité associative ou politique... Les politiques sont ainsi conduits à quitter leur rôle de simples représentants pour devenir des animateurs et des coordinateurs de l'ensemble des potentialités de leurs circonscriptions.
Localement, à Colombes en particulier, un contrat municipal entre les habitants et leurs représentants pourrait de même tracer le cadre entre les services publics que la commune devrait assurer uniformément sur l'ensemble de le commune et les domaines où la participation active des citoyens est requise. Utopie solidaire? Je répondrai qu'aucun quartier de notre Ville ne peut raisonnablement bien vivre à long terme s'il ne se préoccupe pas du sort des quartiers périphériques délaissés. Là encore, les révoltes cycliques des banlieues auraient dû accélérer la réflexion.
Il n'en reste pas moins que ces projets devront s'incarner dans des hommes et des femmes de conviction et de charisme, cohérents dans leur propos et leurs actions, soucieux avant tout de l'intérêt général.